Les cas de fraude représentent 4 à 8% des primes encaissées en assurance-dommages. La facture augmente sous l’effet de la crise.
Loin d’être un phénomène nouveau, la fraude s’accroît dans le secteur de l’assurance. En 2011, les assureurs-dommages ont recensé plus de 35.000 sinistres frauduleux, contre près de 12.000 en 2003, pour un montant total de 170 millions d’euros (contre 47 millions). Fausses déclarations à la souscription du contrat, faux sinistres ou exagération, les fraudes pèsent aujourd’hui 4 à 8% des primes encaissées par les assureurs en dommages et 15% des sinistres payés, selon le cabinet Deloitte. « Bien qu’il soit difficile d’établir un lien de causalité, on observe une hausse des fraudes en temps de crise. Un besoin économique pressant peut être, dans certains cas, un élément déclencheur pour les fraudeurs », explique Frédéric Nguyen-Kim, directeur de l’Agence pour la lutte contre la fraude à l’assurance (Alfa).
Mieux détectée.
De nouvelles formes de pratique frauduleuse font leur apparition, en raison notamment du développement de la criminalité en bande organisée. Si les chiffres de la fraude augmentent, c’est aussi parce qu’elle est désormais mieux détectée. La fraude est ainsi prise en compte dans les « risques opérationnels » des nouvelles normes réglementaires de Solvabilité II. Celles-ci imposent la constitution d’une « base incidents » qui permet d’analyser les cas de fraude avérés.
Mais les 170 millions d’euros comptabilisés représentent une goutte d’eau comparé au coût réel de ces délits. Il est estimé par l’Alfa à 2,5 milliards d’euros pour l’ensemble de l’assurance-dommages. « Le coût réel de la fraude est difficile à matérialiser. A la perte directe, s’ajoute une notion d’image et de réputation », explique Odilon Audouin, directeur chez Deloitte Risk Advisory. La fraude entraîne une hausse du prix de revient des produits d’assurance. Les cotisations versées par les assurés servant à régler les sinistres subis par l’ensemble, ce sont au final les assurés honnêtes qui en supportent le coût.
Une « cartographie des risques »
En France, les moyens consacrés à la prévention restent limités. « La lutte contre la fraude doit être organisée au niveau du marché. Au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, en Allemagne et en Espagne, des bases de données sont constituées pour l’ensemble du secteur », souligne Frédéric Nguyen-Kim. Le cabinet Deloitte recommande aux assureurs d’établir en interne une « cartographie des risques » ainsi qu’un « reporting consolidé des indicateurs de fraude ».
Source les Echos